Cela ne fait pas très longtemps que je suis arrivé sur l'île et que je découvre Drakwyrn. En fait, je suis resté à l'extérieur de la ville durant plusieurs semaines, sans oser y poser une griffe ou un orteil. C'est si paisible ici, tout semble si serein autour de moi, mais cela ne colle pas. Je transpire d'anxiété dés que quelqu'un m'approche. C'est à peine si j'arrive à parler. En effet, ma voix est brisée, à force d'années à ne pas la faire fonctionner, les cordes vocales ont rouillé, les muscles sont atrophiés. Cela me fait mal, physiquement parlant. Je viens de prendre un chocolat chaud, j'ai du montrer du doigt ce que je voulais et quand j'ai soufflé "merci" mes lèvres ont bougé, certes, mais même moi j'ai eu du mal à m'entendre. C'est pathétique. J'ai l'impression que je ne pourrai jamais appartenir à ce monde, que je suis trop abîmé pour cela. J'ai même hésité à m'en aller, à repartir, à retourner me terrer dans une montagne pour n'y croiser que des géants et des moldus trop imprudents. J'aimerai que quelqu'un me dise que je vais bien, comme si l'entendre le rendrait vrai.
Du coup je me dirige vers la bibliothèque, lieu de calme et de silence par excellence où mon mutisme pourrait, peut-être, avec le renfort de la chance, passer pour du respect envers les lecteurs.
Me voilà devant les rayons de livres, je suis émerveillé, cette bibliothèque est si belle. Les grandes étagères de livres, la décoration, la luminosité, les petites tables, les canapés, les poufs, tout est parfait. Il me tarde de tomber sur le livre qu'il me faut. Le genre de livre que, lorsque l'on le referme après avoir lu la dernière page on a l'impression de s'être fait un ami qui ne nous quittera plus.
J'ai pris mon temps, je pense que j'aurai pu rester des heures à faire mon choix. J'ai pris plusieurs livres, que j'ai feuilleté (bon j'avoue, j'ai lu les premiers chapitres d'une dizaine de bouquins). Je n'ai pas fait attention, le soleil a disparu sans que je ne m'en rende compte. Il n'y avait plus grand monde, peut-être étais je même le dernier lecteur à présent. Je réalisai qu'il allait falloir que je m'échappe avec les trois exemplaires que j'avais choisi (enfin que je les emprunte) lorsque je le vis...
Un pavé me tomba au creux du ventre et je transpirai déjà. Je ne savais pas qu'il travaillait ici... Mon dieu... J'aimerai que quelqu'un me dise que cela ira bien, comme si l'entendre le rendrait vrai.
