Un vol pour les bisuleenus en danger Pv Gasho <3

Il était tôt, aux alentours des six heures du matin. Le faune, toujours très matinal, était sorti après avoir laissé son dragonide grogner sous leur couette. Il venait tout juste de sortir de Gibrid lorsqu'il remarqua une petite lueur verte et or courir à vive allure dans sa direction. Il pressa le pas et se mit à courir lui aussi pour rejoindre ce qu'il pensait être un servan. Il avait vu juste, le petit lutin qu'il connaissait bien haletait à ses pieds :

- Des géants sont descendus, ils attaquent en ce moment même le troupeau de bisuleenus!

Le faune attrapa le servan qui chancelait, épuisé par sa course. Ces petits êtres pouvaient courir de longues distances de manière rapide, mais celui-là avait dû tout de même puiser dans ses ressources pour dévalait des montagnes escarpées. Ni une, ni deux, il ne perdit pas de temps et se mit à courir de nouveau sans demander ou même donner plus d'explications que cela.

- Mais Dragan ! La montagne est de l'autre coté !
- Je le sais. Mais je cours moins vite que toi. Le troupeau aurait le temps d'y passer si je devais grimper là haut tout seul...
- Mais...

Une fois arrivé chez lui, il ouvrit la porte d'entrée en trombe, faisant un vacarme à en réveiller les morts. Il appelait le dragonide tout en se dirigeant vers la chambre.

- Gasho !!! Gasho lève toi !!!

Il alluma la lumière, ce n'était pas le moment de paresser. Le servan assis sur l'un de ses bras, et se détachant de Zelen -qu'il était inimaginable de prendre avec lui dans un tel contexte- il reprit :

- Il faut que tu nous amènes vers les sommets des montagnes. Immédiatement !!!

Il retira la couverture et entreprit d'aider Gasho à se relever, il le faisait se diriger vers la porte de la chambre sans lui laisser le temps de s'habiller.

- On y va en dragon ! Pas besoin de t'habiller !

Dragan avait passé un certain temps dans les montagnes, aux lacs gelés et même plus haut. Il connaissait beaucoup de créatures. Certaines qui se laissaient approcher et d'autres non. Il savait donc ce qu'était les bisuleenus. Il s'agissait de braves bêtes, vivant en troupeau, paisiblement. Des herbivores au bas de la chaine alimentaire qui ne feraient pas de mal à une mouche. Ils n'étaient pas farouches, et on pouvait aisément les câliner. En sommes, ils étaient de gros tas de laine attendrissants. C'était des ovidés, plus massifs que de simples moutons, mais aussi beaucoup plus lents. Plus lents dans leurs mouvements aussi bien que dans leurs réflexions. Si bien qu'une première moitié du troupeau pouvait se faire décimer et même déjà fumer sur une brochette au-dessus d'un feu que l'autre moitié n'aurait rien capté.

Gasho fut réveillé par Dragan qui, encore une fois se levait au aurore. Même si il prenait lentement l'habitude de cela, il grogna avant de se tourner pour se caler sur l'oreiller de son faune.
Il repartait dans un profond sommeil quand des cris l'appelèrent. Il plaqua l'oreiller sur sa tête essayant de les faire taire.
Il relava la tête, lâchant un "Quooooiiiii?" encore endormi. Il avait compris vaguement montagne et emmener. Mais le lien n'était pas encore formé.
Il se sentit tirait, jusqu'à être assit sur le lit, avant d'être emmené vers la porte.

Bien qu'il eu laissait Dragan le bouger comme il le désirait, il se stoppa net en entendant le mot dragon. Attend? Quoi?
Il lâcha un bâillement de fin du monde, avant de se frotter le visage, essayant de se réveiller un peu plus. Il sentait sa petite chèvre essayer de le faire bouger. Il avait l'air plutôt pressé, soit il avait une envie particulière spécifique à une cerveau Draganien, soit il se passait quelque chose. Il se décida donc à se laissait guider.

"Qu'est-ce qui s'passe?" Il se passa une main dans les cheveux, les emmêlant encore plus, suivant le faune jusqu'à l'extérieur de la maison.

Ce que Gasho pouvait être lent le matin... Tel un reptile qui n'avait pas assez pris le soleil et à qui le moindre mouvement coutait. Il était plutôt mignon, seulement vêtu d'un boxer noir et de ses longs cheveux rouges emmêlés. Mais ce n'était pas le moment de s'attendrir. Le temps était compté pour les bisuleenus. Une fois dehors, il posa ses mains gantés sur les épaules de Gasho tout en levant les yeux vers les siens. Il parla plus lentement, de sorte à ce qu'il puisse comprendre. C'était certes une perte de temps, mais au final, expliquer la situation leur en ferait certainement gagner. Le dragonide se montrerait forcément réactif malgré l'heure matinale après avoir entendu cela :

- Le servan que tu vois-là est descendu des montagnes escarpées, il retira la main droite pour montrer le petit lutin vert et or assis sur son épaule gauche, pour ensuite pointer les sommets des montagnes. Le troupeau de bisuleenus qu'il garde (on va dire des moutons si tu veux) est en train de se faire attaquer par des géants. Je peux faire appelle à Sŭzdanie et à Ostŭr, mais on mettrait beaucoup trop de temps à grimper là haut. Et même... je n'arriverai peut-être même plus à tenir l'invocation une fois arrivé. Donc...

Il replaça sa main sur l'épaule de Gasho, le secouant légèrement, comme pour s'assurer que son esprit se trouvait bien dans sa jolie tête rousse.

- J'ai besoin que tu me prennes... Sur ton dos ! Vieux reptile pervers! Et que l'on s'envole aux sommets de ces putins de montagnes. Le servan nous indiquera le chemin. Alors, tu veux bien... te transformer sans perdre plus de temps ? S'il te plait... il s'approcha de son oreille et murmura de manière à peine audible mon dragon de feu. De quoi faire gonfler de fierté le dragonide...Il espérait que cela l'aiderait à déployer ses grandes ailes puissantes dans la seconde.

Il écouta du mieux qu'il pu l'explication de son petit faune. Bien qu'il ne compris que certaines choses, tels que des géants, des moutons et un lutin qui vient l'avertir d'un danger. Il lâcha un sourire attendrit, son trésor, même si il se montré ennuyé et solitaire, il était toujours dans les premiers pour aller aider les autres. Il n'était pas sur que le ténébreux s'en rende compte, mais cela le rendait encore plus attachant à ses yeux.

Il le regarda se hausser vers lui, avant de lâcher un rire franc en entendant les mots doux de son compagnon.

"Continue à me chauffer et ce n'est pas en haut de ta montagne que je t'emmènes. Bien, alors recule toi, il me faut un peu de place."

Il s'ébroua un peu, se réveillant un peu plus. Prendre sa forme de dragon n'était pas compliqué en soit mais il préférait être bien réveillait tout de même. Il ne suffit que de quelques secondes pour qu'un petit dragon d'un rouge rubis ne remplace le bipède.
Il se secoua et gesticula un peu se réappropriant se corps qu'il n'avait pas repris depuis un long moment.

Une fois sur de lui, il se tourna vers son faune, le regardant dans les yeux, avant de lui montrer son dos, l'invitant à monter.

Dragan sourit en entendant la réponse de l'homme reptilien. C'était un sourire discret et sensuel, qui se voulait à la limite de la perversion. Il avait beau être concentré sur le troupeau de bisuleenus, entendre parler le rouquin de sexe vint chatouiller son désir. L'étincelle qui jouait dans leurs yeux, jonglant d'un regard à l'autre signifiait qu'ils s'étaient très bien compris. Ils avaient pour le moment d'autres chats à fouetter, mais le temps perdu serait vite rattrapé, dans la soirée, ou, voire même dans l'après-midi. Il se recula alors, se mordant la lèvre comme pour chasser des pensées licencieuses. Il observa alors l'homme se métamorphoser en reptile. C'était un spectacle saisissant, même s'il avait déjà vu Khaneejirô le faire plusieurs fois cela l'impressionnait toujours. D'autant plus que cette fois, il s'agissait de Gasho. Ce dragon là, c'était le sien. Cette pensée enflamma son orgueil. Alors, lorsqu'il croisa les deux émeraudes devenues subitement si grandes, il sourit de fierté et d'arrogance. Les géants n'avaient qu'à bien se tenir. Il grimpa, s'aidant des écailles épaisses du reptile pour se hisser sur son dos. C'était donc sans une certaine audace qu'il lui dit :

- Aller mon gros, fais donc un peu voir au trésor ce que valent ces ailes.

Et le dragon s'envola. Être sur le dos d'un dragon en plein vol était à la fois inquiétant et excitant. Le vent grondait à ses oreilles tandis qu'il criait les indications que lui communiquait le servan pour retrouver au plus vite le troupeau. Les géants ne furent pas difficiles à trouver. Ils étaient très grands. Vraiment très grands. Ils étaient six, un petit clan. Deux étaient plus petits, sûrement des enfants. Deux adultes tenaient déjà entre leurs mains potelées un bisuleenus chacun. L'un d'entre eux avait été écartelé, coupé en deux. L'autre gémissait de terreur. On aurait cru qu'un mouton se faisait étrangler. Et le reste du troupeau était en train de brouter... C'était violent à regarder pour le faune. Avant d'agir, il fallait se mettre d'accord sur une chose :

- On les fait fuir au risque qu'ils reviennent, ou bien on les tue ? cria-t-il a Gasho pour se faire entendre.
- Pas de quartier ! hurla le petit servan.

L'idée de les faire rôtir ne lui plaisait pas totalement. Mais en même temps cela réglerait le problème de manière définitive. Il ne savait pas aussi, si le feu du dragon pouvait être précis et ne viser que les Géants se tenant au milieu des bisuleenus. Aussi, il pouvait appeler ses créatures, leurs poisons ne parviendraient surement pas à les tuer, mais cela pouvait bien les affaiblir et les rendre vulnérables. Mais là aussi, il y avait des risques de dégâts collatéraux. En tout cas s'il faisait appel à Ostŭr. Celui-ci n'avait jamais fait dans la dentelle. Sŭzdanie, elle, était plus douce.

Une fois sure que son faune était bien installé et surtout bien accroché, il décolla d'un coup d'aile, les faisant dépasser la cime des arbres en un temps record. Il suivit les indications que lui transmettait les deux énergumènes sur son dos. Il n'avouerait jamais à Dragan qu'il entendait parfaitement le ce que disait le petit lutin et qu'il n'avait absolument pas besoin de crier.

Ils arrivèrent assez rapidement jusqu'au géant. Il pouvait distinguer deux enfants à coup sur et tout un troupeau de grosse boulle coloré qui ne bougeaient absolument pas. C'est beselleetruc étaient-il vraiment aussi mou? Plutôt bète non? Bon en tout cas, il fallait trouver un endroit ou se poser.
Il était en train de balayer les environs du regard quand il entendit la discutions qu'avaient le faune et le nain. Une boule d'angoisse se forma dans son estomac. Il savait très bien qu'ils étaient ici pour sauver les moutons, mais son cerveau avait fait le lien entre eux exterminant les géant et les sorcier qui avaient détruit sa ville. Il se sentait lâche, mais il laisserait Dragan faire tout le sale boulot. Pourtant rien que de penser que son trésor pouvait avoir du sang sur les mains  ne le mettait pas à l'aise non plus. Il s'ébroua essayant de faire sortir ses mauvaises pensées de sa tête, pourtant la tentative fut veine car elles étaient resté bien encré en lui.

Il trouva néanmoins une petite clairière et décida de se poser. Il repris sa forme humanoïde dès que le faune fut à terre. Il lui attrapa le bras et le retourna vers lui. Il voulait lui dire ce qu'il avait sur le cœur, que quelques choses n'allait pas. Mais à peine eut-il croisé le regard de son trésor qu'il se sentit débile et il préféra garder la bouche close.

Il ne comprit pas pourquoi le dragonide lui avait retenu le bras, car ce dernier se mura dans le silence. Il posa une main sur ce bras qui, ajouté à un regard rassurant signifiait "ça va aller". Il ne tint ce geste que très brièvement ceci dit. Après tout, ils n'étaient pas venus là pour compter les lentilles. D'ailleurs, le servan, toujours assis sur son épaule, lui rappela qu'il fallait agir. Il invoqua alors ses deux créatures. Lorsqu'elles apparurent, il leur parla dans sa langue maternelle, comme bien souvent. Il n'avait d'ailleurs peut-être pas besoin de parler. Les deux invocations ne devant pas plus savoir parler le bulgare que le français. Si elles comprenaient ses demandes, c'était plus grâce aux liens qui les unissaient, malgré la distance entre leurs deux mondes. "Blessez" leur avait-il dit. Elles s'étaient donc élancées en direction des géants, au galop. En moins d'une minute, elles avaient atteint les jeunes géants, tout d'abord. Ceux-là, elles n'avaient pas eu de mal à les égratigner un peu. Et cela suffisait, le faune allait pouvoir voir quel effet aurait le poison de ses créatures sur eux. Les enfants géants n'étaient pas plus inquiets que cela : il regardait de très légers filets de sang couler de leurs torses. En attendant, il fallait s'occuper des quatre autres. Mais cela allait se corser, il s'agissait d'adultes cette fois. Leur peau, plus épaisse même que le cuir n'allait pas être facile à franchir.

Tandis que Ostür se dirigeait déjà vers l'un d'entre eux, un des enfants géants tomba au sol. Certainement sonné par le poison. Dragan ne savait pas encore combien de temps cela ferait effet, s'ils parviendraient à neutraliser les autres et aussi : que feraient-ils ensuite ? Il faudrait déplacer le troupeau entier, ce qui n'allait pas être simple. Ou bien déplacer les géants, mais six adultes, même pour un dragonide, cela ne devait pas être rien avec le risque qu'ils ne réveillent entre ses pattes... Surtout qu'on ne pouvait prévoir les réactions de géants comateux. Mais ils n'en étaient pas encore là. Déjà, il fallait voir si les deux créatures allaient réussir à toucher leurs cibles. Ostür réussit pour son premier et passa au second. Le premier brandissant une grosse massue et le suivant d'un démarche pataude mais rapide. Pour Suzdanie, cela s’avéra plus difficile. La géante qu'elle avait choisi d'attaquer la repoussa d'un énorme coup de poing. Elle tomba sur le flan quelques mètres plus loin et se relevait à peine que la géante accourait déjà vers elle.

Dragan, lui, s'était avancé, il avait couru sans même sans rendre compte et hurla à l'intention de son invocation :

- Rentre !!!

Lorsqu'elle tapa, cette fois-ci, le poing de la géante ne rencontra que le vide. Elle tourna alors la tête, en direction du faune. Il n'avait eu le temps de se remettre du choc de voir sa créature en grande difficulté, qu'il fallait déjà penser à autre chose : la géante arrivait, courant vers lui à l'aide d'enjambées aussi grosses qu'elle. Le visage du faune pâlit d'un coup, tandis que son sang sembla se glacer. La deuxième créature, était déjà trop occupé avec son deuxième géant. Le premier était tombé évanouit, ce qui était bon signe. Sur des géants leur poison avait au moins l'effet d'un bon somnifère. Mais son géant fût rejoint par un autre. Ostür affrontait donc deux géants, un devant, un derrière. Leur premier et les deux jeunes étaient au sol. Et la dernière des quatre adultes n'étaient plus qu'à quelques mètres du faune qui ne savait pas quoi faire. Il n'essaya pas même de prendre la fuite, cela n'aurait servi à rien de toute façon, la géante l'aurait rattrapée en un rien de temps.

- лайна*...


* se prononce "laĭna"= "merde".

Il se sentait mal et complètement débile. Il savait qu'ils n'avait pas le choix, pourtant il aurait aimé avoir une autre solution. Il ne cessait de se répéter en boucle dans sa tête que cela n'avait rien à voir avec lui et son peuple pourtant il ne pouvait s'empêcher de faire le rapprochement.
Ce fut pour cela qu'il n'intervient pas quand Dragan commença à attaquer les géants. Il resta en retrait, à la lisière de la foret. Il le regarda faire le travail, il pouvait sentir la bile lui monter à la gorge en voyant les petits tomber au sol. La vision de cette scène ne l'aidait pas à se sentir mieux, au contraire plus il regardait , plus il faisait le rapprochement avec la tuerie qu'il avait vécu.
Il s'apprêtait à détourner le regard quand une des créatures du faune s'écrasa au sol, il n'eu pas le temps de comprendre ce qui s'était passé qu'il vit deux géants se dirigeait tout droit vers le faune.
Son sang se glaça. Il n'eu pas à réfléchir qu'il s'était déjà transformé en dragon et avait foncé sur son faune pour le sortir de la. Il l'attrapa dans une de ses pattes et s'enfuit entre les arbres se fichant des écorchures qu'il aurait.
Il ne reposa Dragan a terre que quelques mettre plus loin, quand il fut sure d'avoir mis une bonne distance entre eux et les géants. Il repris forme normale et se mis à secouer le faune tel un prunier.

"MAIS T'ES MALADE! TU VEUX MOURIR OU QUOI?"

Le battement de son cœur sembla hurler dans la poitrine du faune. Et, tandis que l'organe tambourinait à l'intérieur de la cage thoracique, un peu comme s'il avait pressenti que ces pulsations seraient les dernières, le faune cria lui aussi, surpris de sentir une gigantesque patte l'arracher au sol violemment du sol. Cela n'avait pas été douloureux, mais surprenant, impressionnant. La puissance du geste lui coupa même le souffle, un instant. Et, tandis que Gasho l'éloignait de la géante, son cœur se calmait un peu. Retrouvant petit à petit un rythme plus ou moins normal. Il n'avait plus à battre le plus vite possible pour rattraper toutes les pulsations qu'il aurait dû frapper durant toute une vie. Il n'allait pas mourir maintenant. Une fois de nouveau au sol, il vit Gasho comme il ne l'avait jamais vu. Les cheveux hirsutes, du moins plus que d'habitude, et les joues roses de colère, il dévala les quelques pas qui les séparaient avant de lui hurler dessus et de le secouer dans tous les sens. Le faune avait à peine eut le temps de s'assurer que le servan était toujours bien là et ne s'était pas envolé.

- Chhhhhhhhht, fit-il avec douceur, pour le calmer.

Il l'embrassa alors, mêlant leurs langues, goûtant celle du dragonide qui venait de lui sauver la vie. Lorsqu'il rompit le baiser il se retourna pour voir comment cela se passait un peu plus loin. Pendant ce temps, Ostür semblait bien se débrouiller, de ce que pouvait voir Dragan, l'un de ses deux assaillant s'était heurté contre l'un des hachoirs de la créature. Il avait voulu, semblait-il, dégager la bête d'un coup de main. Malheureusement pour lui, et fort heureusement pour Ostür, le géant avait rencontré l'une des seules parties tranchantes de la créature. En effet : les pattes de la bête étaient affutées telles des lames de rasoir. Le géant s'était alors mit à tanguer, il reculait, l'air ahuri et les gestes patauds. Il n'en restait plus que deux. En comptant celle qui avait foncé sur Dragan, et qui, le fixait toujours. Elle avait l'air de lui en vouloir, de s'être fait surprendre par le dragon et de s'être envolé. Elle avait aussi l'air d'en vouloir à Gasho, qui lui avait volé sa proie. En tout cas,elle grognait en leur direction, tout en bavant.

- Quand Ostür aura fini, il faudra les déplacer, le plus loin que tu puisses, dans les montagnes. Ou les rôtir, après que le servan ait éloigné le troupeau. Je te laisse choisir.

Le faune vint caresser une joue de son dragonide tout en surveillant la bataille.

Alors la il n'en croyait pas ses yeux. Il était totalement choqué, froissé et surtout très mécontent. Est-ce qu'il avait loupé un truc ou alors était-ce Dragan qui n'avait pas compris la situation?
Non sérieusement, il venait de l'empêcher de devenir un hachi-parmentier pas cuit et tout ce que le faune trouvait a dire c'est chut? Et il devait obéir? Sérieusement? Il avait fallu mourir, mourir bordel! Ca l'emmerderait de se rendre compte que la situation était dangereuse? Et apparemment son comportement lui paraissait totalement normal vu qu'il ne s'occupait que des géants.
Il était complétement scandalisé. Alors quand le faune vint lui caresser la joue, le seul reflexe qu'il eu fut de lui attraper le bras et de le rejeter en lui lançant un regard noir.
Il aurait voulu pouvoir partir et le laisser sur place mais avec son cœur qui faisait encore des bonds dans sa poitrine, il lui était impossible de s'éloigner de son trésor.

C'était bien la première fois que le faune essuyait un refus du dragonide. Cela le surprit, de sentir sa main retenir la sienne, puis de se tourner et croiser ses deux iris, et de voir les deux émeraudes s'assombrirent. Il le regarda rejeter son bras alors sans comprendre en premier lieu et sans réagir. Il n'en eut pas le temps, le geste fût rapide, impulsif. Dragan le trouva d'une violence singulière, ce geste. Ce n'était pas qu'il lui avait fait mal. D'ailleurs, il ne lui avait pas même répondu alors on pouvait difficilement dire que Gasho fût violent même verbalement. Mais l'absence de réponse était pire encore que cela, c'était pire que de se faire secouer comme un gamin qui avait fait une bêtise et s'était mis en danger. Et Dragan le lui avait déjà dit dans le passé : l'ignorance pour ceux que tu n'aimes pas, l'ignorance blesse, bien plus que la colère ou les stratagèmes, et l'ignorance à cet avantage qu'elle te protège toi. Alors voilà, avant de comprendre au pourquoi du comment, Dragan encaissa le rejet, sans broncher. Un peu comme s'il se remettait d'un coup de poing dans le ventre. Ce n'était qu'après quelques minutes que la lumière s'éclaira dans son esprit, ses yeux s'agrandissant soudainement. Gasho avait eu peur. Plus que lui-même.

D'un coup, le bruit des affrontements attira de nouveau l'attention du faune qui tourna de nouveau la tête en direction du troupeau, des géants, et de sa créature. Comme il l'avait prévu un peu plus tôt, Ostür ne faisait pas dans la dentelle. La créature n'était pas là pour trier des lentilles mais pour neutraliser des géants. C'était la consigne reçue par son maître, le reste lui était passé bien au-dessus de la tête. Même le fait qu'il s'agissait, à la base, d'un sauvetage de bisuleenus. L'un d'entre eux, qui s'était trouvé non loin de lui était à terre aussi et Dragan ne donnait pas cher de sa peau, beaucoup de sang s'était répandu sur l'herbe, sans oublier le poison. Mais depuis, il ne restait qu'un géant adulte encore debout. Un des enfants, par ailleurs, commençait à bouger un peu. Peut-être que d'ici une petite demie-heure, tout ce beau monde se relèverait, un par un... Et les ressources du faune n'étaient pas extensibles. Plus ses créatures restaient dans ce monde, et plus il ressentait la fatigue.

- Pas les moutons Ostür ! Putin..., cria-t-il, d'une voix un peu hachée.

La bête grogna en guise de réponse et s'élançait sur son dernier adversaire. Dragan en profita pour se retourner vers Gasho. Les stigmates de la fatigue inscrits sur son visage.Le haut de son visage était plus pâle que d'habitude, ses yeux plus petits, cernés.

- Désolé de t'avoir inquiété. Je n'ai pas réfléchi, j'ai eu moi-même peur pour ma créature. Est-ce que je peux compter sur toi pour en finir avec eux ? Le poison de mes créatures les endort juste... Dans ces conditions, il était quasi impossible de déplacer le troupeau assez loin pour sa protection, pensait-il, les bisuleenus sont beaucoup trop lents, beaucoup trop patauds, et en plus ce genre de bestiole n'écoute rien. Je n'y arriverai pas tout seul. Pas sans toi.

Il fit la mou en voyant Dragan se concentrer sur les géants une fois encore. Bien sur il comprenait très bien que gardait un œil sur le combat était essentiel, pourtant cela n'empêchait pas de le contrarier. Bien sur cela était du au fait qu'il avait l'impression que Dragan s'intéressait moins à sa vie qu'a celle de ses créatures et la aussi il comprenait qu'il devait y avoir un lien fort entre eux, mais quelque chose en lui lui criait que ce n'était pas normal.
Et en plus il ne comprenait rien, c'était quoi ses moutons? Et pourquoi son faune tenait tellement à les sauver? Ils pouvaient pas juste les déplacer, genre ils en laissaient un peu ici pour que les géants soient contents, ce ne devait pas être quelque perte qui serait désastreuse quand même, ca devait bien ses reproduire ses trucs.
Il jeta un coup d'œil, histoire d'enfin savoir un peu se qu'il se passait, pour découvrir que malgré le carnage, pratiquement aucun animal n'avait daigné bouger.
Non mais c'était quoi ses trucs? Comment quelque chose sans aucun instinct de survit pouvait encore exister?

Ce fut alors que Dragan se retourna cers lui pour lui demander l'impossible.
"Attends quoi? Tu veux que je les tues? C'est une famille! Pourquoi? Ses bestioles n'ont aucuns instinct de survit, si ils crèvent pas aujourd'hui se sera demain. Pourquoi risquer ta vie pour ça?"

Le dragonide n'avait pas entièrement tord, mais Dragan connaissait bien le petit servan et voulait lui rendre ce service.

- Pas forcément les tuer, même si tu pourrai. Lors des guerres, ce genre d'êtres ont toujours choisi le camp des mages noirs. Mais j'vais pas te forcer.

Oui, cela ne se faisait pas d'ordonner à son petit ami de commettre plusieurs meurtres, et même s'il s'agissait de géants. Il allait falloir trouver une autre solution à présent. Et il n'en voyait qu'une, et elle n'était pas terrible. Il soupira, une deuxième idée germant dans son esprit, mais celle-ci, il était hors de question qu'il en fasse appel.

- Tu pourrai déplacer le troupeau, plus bas, pas très loin du village ? Les géants n'oseront pas venir si près.

Même s'il fallait encore que Gasho accepte, cela restait la partie la plus facile du plan. Car certains géants remuaient déjà de nouveau, ce qui signifiait que le faune devrait maintenir son pouvoir éveillé. Ostür devait rester là, à veiller, pour rendormir les géants grâce à son poison au moindre signe. La créature venait d'ailleurs tout juste de plonger son dernier géant dans le pays des rêves.

C'est alors qu'un pop sonore retentit à la gauche de Dragan, qui tourna la tête. Il savait ce qu'il allait trouver à coté de lui, et, malgré l'épuisement, il regarda la jeune faune de son regard le plus noir. C'était cela sa deuxième solution : envoyer Gasho chercher Yona, la faune aux pouvoirs de téléportation.

- C'est Masha qui m'envoie. Je dois t'aider à déplacer les géants, bailla-t-elle. Dis donc,  elle fit de grands yeux, je ne savais pas qu'il y avait Gasho aussi, vous êtes inséparables !

Une fois la surprise passée, elle avait prit un ton rempli de malices, au grand bonheur de Dragan, évidemment.

Non mais c'était quoi cette réponse? Et qu'est-ce qu'il en avait à faire lui qu'ils soit du coté noir ou blanc? Il n'était même pas sur de comprendre de quoi parlait réellement le faune. Si il était resté après la destructions de sa ville c'était justement parce qu'il ne voulait pas en faire partie de cette guerre. Et puis merci pour le "je vais pas te forcer", comment il voulait forcer quelqu'un à faire ça? Et surtout il suffirait qu'il pose ses fesses au sol et sa petite chèvre ne serrait même pas capable de le faire bouger d'un centimètre.
Et pour couronner le tout, monsieur soupire. Sérieusement?
Non vraiment, heureusement que c'était son trésor parce que sinon il aurait vraiment péter un câble.

Il serra l'arrête de son nez à la dernière trouvaille du faune. Il avait vraiment intérêt à avoir une explication béton à lui fournir, parce que vraiment mettre autant d'effort en place pour quelques moutons qui sont incapable de savoir si oui ou non ils sont en danger, cela lui semblait débile.
Il s'apprêtait à répondre quand une faune qu'il aurait préféré ne jamais recroiser apparut dans un pop qui lui semblait des plus agaçant. Non il rectifie! Sa voix est dix fois pire!

"Bon sinon, mademoiselle je-me-fou-de-ta-gueule, t'as des choses plus intéressantes à dire? Parce que si c'est pas le cas, tu pourrais faire taire cette voix insupportable et faire se qu'on t'as demander à la place!"

Le servan avait tiré sur l'une des tresses du faune pour attirer son attention, alors qu'il avait de nouveau porté son attention sur les géants après avoir levé les yeux au ciel comme à son habitude, il baissa la tête, échangeant un regard avec le drôle de petit lutin. Il n'eut que le temps d'échanger un regard, pouvant à peine voir sa bouche s'entrouvrir qu'il sentit son corps faire volte face pour se retourner vers Gasho. C'était la première fois qu'il voyait son petit ami parler ainsi à un membre de Gibrid, la première fois qu'il le voyait hausser le ton devant quelqu'un d'autre que lui. La première fois qu'il laissait place à ses émotions et qu'il laissait ses pincettes de coté. Les yeux du faune se plissèrent alors instantanément après s'être élargi de surprise. Il s'était mis à rire, conquis par la scène qui venait de se dérouler. C'était un petit rire, discret mais pas retenu, seulement un peu sobre, sans spectacle. Ce n'était pas un rire qui aurait pu résonner dans la montagne. Un rire à la Dragan, tout simplement. Seule la colère était capable de le faire sortir de ses gonds. La joie elle, était plus délicate, presque feutrée. Pourtant, il s'agissait bel et bien de joie. Car le fait que Gasho s'exprime de cette façon avec Yona signifiait une chose : le dragonide se sentait enfin chez lui. Il ne réfléchissait plus à ce qu'il disait, aux mots qu'il employait, pour ne pas froisser. Cette réaction était si loin du Gasho serviable, trop aimable pour oser dire non. Celui qui faisait tout et n'importe quoi pour éviter de se sentir exclu de la communauté, comme par exemple se jeter dans un lac sans savoir nager. Voilà, qu'enfin, il s'affirmait. Il était capable de dire stop quand quelque chose l'agaçait. Les pupilles de Dragan s'éclairèrent un instant d'un profond sentiment de fierté. Malheureusement, Yona ne semblait pas fière et, bien au contraire, elle paraissait... vexée. La jeune faune s'assit sur un rocher, croisant les bras et les jambes.

- Vous êtes même tellement inséparables que Dragan déteint sur toi Gasho. Bientôt tu n'ouvriras la bouche que pour être odieux. Elle marqua une pause. C'était méchant. Je suis venue pour vous aider, je n'ai rien dit de méchant. Je ne mérite pas ta petite colère.

Dragan soupira, son sixième sens venant de lui glisser à l'oreille où cela allait les amener... Il en était certain, pour connaitre assez bien la faune. Du même âge que lui, ils avaient été en classe ensemble. Il massa son front d'une main, les yeux fermés, dans l'attente de ce qu'il redoutait. Et cela ne loupa pas, Yona repris :

- Je vous aide seulement si j'ai des excuses. Les tiennes aussi Dragan.

- Mais bordel... j'ai rien dit... siffla-t-il entre ses dents serrées.

Ils échangèrent un regard, Dragan comprenait très bien où elle voulait en venir. Pour Yona ses mimiques faciales équivalaient à un manque de respect : lever les yeux au ciel, avoir la main sur son front plissé. Il le savait car un jour elle lui avait dit ce qu'elle pensait de tous ces gestes et expressions. Une fois encore, le servan tira sur sa tresse. Lui aussi il le connaissait bien. Et il devait l'aider à sauver son troupeau. Il le lui avait promis, et il le lui devait bien, après tout... Il n'avait pas une moue suppliante ou attristée mais apeurée. Sincèrement apeurée de ne pas savoir si cette matinée aller bien se terminer ou non. Dragan soupira alors. Oui, il lui devait bien ça. Il s'avança vers la faune, après avoir lancé un regard vers Gasho.

- Je suis désolé Yona... mais faut avouer que t'es un peu pénible desfois... Et Gasho n'est pas du matin. Tu veux bien nous aider ?

Il se retourna vers son faune, le fussillant du regard en entendant son rire. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir de drôle ?
Il allait justement lui dire le fond de ses pensées quand la demoiselle décida de recouvrir la bouche. Et pas pour dire quelque chose d'intelligent, non ! Loin de là ! Ce fut pour se plaindre encore une fois ! Heureusement que l'autre blonde n'était pas là, à elles deux, elle aurait réussi à lui faire perdre le contrôle.
Il se pinça l'arrête du nez entre ses deux doigts et serra aussi fort que possible, espérant que la rage qui bouillant en lui, se calmera un peu.
Surtout quand elle exigera des excuses de sa chèvre, alors qu'il n'avait effectivement rien dit.
Il regarda Dragan rentrer dans son jeu. Le seul mot auquel il put pensée en ce moment fut "petasse", décidément le courant ne passait vraiment pas avec elle.

Et bien sûr la demoiselle se tourna vers lui, attendant ses excuses. Quelle chieuse.

"Me regarde pas comme ça ! Je ne m'excuserai pas. J'estime qu'après avoir passé une matinée à te foutre de ma gueule les quelques paroles que je t'ai dites sont une maigres compensation!"

Et avant qu'elle et pu ouvrir la bouche pour continuer son chantage il repris.

" Tais toi, ce que tu dira n'y changera rien, moi je m'en fou de ses moutons ! Ils peuvent se faire bouffer que ça m'empêcherai pas de dormir. Par contre toi, c'est Masha qui t'envoie et je voudrai pas avoir à faire à elle si elle apprend que tu n'a pas fait ce que ELLE te demandait parce que TU as fait une crise de princesse pourrie gâtée ! "

Les bras croisés, le faune retint un soupir exaspéré. L'un de ses coudes pivota pour que sa main puisse venir tirer nerveusement sur sa frange. Il était épuisé. De tenir son pouvoir éveillé depuis un long moment, de s'être excusé auprès de Yona pour que les choses avancent, tout cela pour voir qu'elles ne risquaient pas d'avancer. Pas après ce que venait de dire Gasho. Et Dragan n'avait pas pour habitude de calmer les esprits, alors il ne savait pas comment s'y prendre. En général, c'était plutôt le sien qu'il fallait assagir. Malheureusement, ce matin il n'avait pas d'autre choix que de prendre son mal en patience et de mordre l'intérieur de sa joue pour éviter une explosion contre productive. Tout sembla alors se passer en un instant, le servan se manifesta de nouveau, appelant le faune. Ce dernier, qui semblait plongé dans une sorte de transe, n'eut aucune réaction. Tout en même temps Yona reprenait de plus belle, sa voix partant dans les aiguës, exprimant sa tristesse d'être insultée de princesse pourrie gâtée. Et comme si cela ne suffisait pas, certains géants commençaient à se réveiller et, ni une, ni deux, Ostŭr se jetait sur eux, leur administrant des doses supplémentaires de son poison. Fatiguant toujours plus le faune dans la foulée.

Lorsque sa main glissa de son front, son teint était plus blafard que jamais. Dragan avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis au moins une semaine, il se sentait épuisé, vidé de toute énergie. Pourtant, il ne rappela pas la créature. Il ne savait pas combien de temps les gamineries allaient encore durer et ne pouvait se permettre d'enlever la sentinelle qu'était Ostŭr, veillant au grain.

- Chhhhhut, fit-il, passant un doigt devant ses lèvres en direction du petit lutin sur son épaule.

Ensuite, ne se préoccupant pas de Yona pour le moment, il s'avança vers le dragonide. Il lui dit d'une voix éprouvée, qu'il aurait voulu plus forte :

- Rentre, on va finir avec Yona.

Tout en parlant il avait passé une main sur la joue de son petit ami. Une joue si chaude en comparaison à ses doigts gelés. Et il avait senti le servan migrer de son épaule à son dos, laissant seulement sa tête dépasser pour observer le dragonide qui devait l'impressionner. Le faune sourit alors, tout en gardant les lèvres fermées, n'entendant plus la faune se plaindre, d'un coup. Il était vrai qu'il était impressionnant lorsqu'il s'énervait. Le faune pouvait même sentir les muscles du dragonide se tendrent, tandis qu'il se contrôlait peut-être. Cela lui rappelait l'infirmerie où les mages l'avaient enfermé, redoutant sa puissance sauvage au sein de Gibrid. Peut-être était-ce l'épuisement, ou peut-être était-ce parce qu'il était rare de voir ce visage habituellement si doux porter des traits aussi sévères, Dragan se surprit à avoir des idées mal placées au vu de la situation. Mais bordel, qu'il était sexy. Il se tourna alors devant Yona, lui faisant comprendre du regard que Gasho n'avait pas tord sur toute la ligne, et qu'il allait falloir se mettre au travail. Ses poches grises creusées sous ses yeux lui indiquant qu'il ne serait bientôt plus d'aucune aide.

Et la voila repartie à piailler et piailler encore. Ne savait-elle rein faire d'autre? Il commençait à avoir un réel mal de crane.
Il fut surpris d'entendre la voix de Dragan, non pas parce que ce dernier avait une fois de plus briser sa règle de ne pas ouvrir la parole en dehors de la maison, mais plutôt d'entendre la fatigue qu'elle laissait apparaitre. Il ne put retenir un frisson en sentant ces doigts rentrer en contact avec sa peau. C'est qu'elle était gelée sa petite chèvre.
Une vague de panique le traversa et il se sentit profondément mal d'avoir ignoré Dragan à se point. Si il avait fait un peu attention, il aurait vu que se dernier dépassait ses limites. Un indigeste mélange de colère et de culpabilité bouillonné en lui. Il ne comprenait vraiment pas à quoi cela servait de se mettre en danger pour des casse-croutes pareil, mais il ne voulait pas non plus laisser son faune seul alors qu'il était sur le point de tomber de fatigues.

"C'est bon je reste. Mais ne comptez pas sur moi pour tuer quoique se soit! Et dis à la princesse de fermer sa bouche, elle à l'air suffisamment ahuri de base pas besoin d'en rajouter."

- Je t'ai dis que je ne te forcerai pas... fit le faune entre ses dents, les sourcils froncés. Il avait demandé à Gasho de rentrer mais cela n'avait pas eu l'effet escompté. Au contraire même, le dragonide en avait rajouté une couche. Oui Yona était pénible, son timbre de voix était difficilement supportable, elle faisait très enfant et n'était pas quelqu'un d'intéressant pour le faune, mais à ce moment-là précisément, il avait besoin d'elle et de son pouvoir. Il prenait sur lui et se retenait de dire le fond de sa pensée, mais Gasho le faisait à sa place. Pourquoi avait-il choisi ce jour-là pour s'affirmer..? Ces deux-là allaient finir par le rendre fou à lier. Les yeux rougis de rancune, Yona restait à présent assise en tailleur, les bras également croisés. Elle montrait sa désapprobation en faisant comprendre qu'elle ne s’attèlerait pas à la tâche de si tôt. Et pendant tout ce temps, Dragan maintenait son invocation. Un rictus s'installa au coin de son œil puis il s'exclama :

- BON ! Alors toi, il se tourna vers Gasho ses yeux plus noirs et fatigués que jamais, tu restes ok, mais putin tais-toi. Vraiment, tais-toi. Et toi, il se tourna vers Yona, la montrant du doigt. Tu vas te mettre au boulot maintenant, avant que je ne puisse plus maintenir ces atrocités en mode sieste et les téléporter sur l'autre versant de la montagne, de l'autre coté. C'est compris ? il tourna sa tête vers l'un, puis vers l'autre, se demandant comment il tenait encore sur ses deux jambes.

Bon ok laissait tomber sa bouillit informe de sentiments confus, il était totalement paniqué. Bien sur, il était encore un peu énervé des dangers dans lesquels se mettait son faune, mais cela lui semblait insignifiant a partir du moment ou Dragan se mettait dans ses états.
Il releva les mains, se mettant en position, prêt à rattraper son compagnon qui s'était mis à gesticuler un peu trop brusquement à son gout.

"Ok! Ok! je me tait mais assis toi!" Bo ok le ton était un peu autoritaire et ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour donner des ordres à un faune énervé, surtout devant une tierce personne, mais pour le moment il devra faire avec!
"Non, sérieux Dragan assis toi! Tu trembles!"

- Je resterai debout tant que je verrai tes lèvres remuer.

Il regardait Gasho sans ciller, comme dans un défis de regards qui se voulait viril. Néanmoins, il finit par détourner la tête après quelques instants de silence morbide. Le dragonide était certainement aussi têtu que lui, si ce n'était plus, alors c'était sans nul doute la meilleure chose à faire pour que toute cette histoire de géants et de bisuleenus avance une bonne fois pour toute. Il prit alors le temps de réfléchir aux paroles du dit dragonide. Il était vrai qu'il se sentait épuisé, mais de là à trembler... Il ne s'en était pas rendu compte. Il leva un bras à l'horizontale et observa effectivement les tremblements dont il parlait. Il remarqua alors qu'il se sentait vide à l'intérieur. Gasho n'avait peut-être pas tord, il risquait de s'effondrer à tout moment. Mais c'était sans compter son arrogance. C'est elle qui le ferait tenir bon jusqu'à ce que plus aucun géant ne trouble sa montagne. Gasho aurait dû s'en douter d'ailleurs. Il était rare que Dragan suive un ordre, en tout cas s'il ne venait pas de Masha ou de Khaneejirô. Et même, il lui était déjà arrivé dans le passé de ne pas écouter le professeur. Alors qu'avait-il cru ? Qu'il allait faire assis comme un bon petit chien et ce devant Yona ? Pfffff. Et puis quoi encore. Il croisa ses bras pour ne plus les sentir trembler et cracha :

- Yona, tu attends le dégel du lac ?

Cette dernière rouspéta mais se mit néanmoins à la tâche. Le visage à l'allure maladive du faune ne lui ayant pas échappé, elle disparu dans un "pop" sonore pour ré-apparaitre à coté du géant qu'Ostur avait rendormi quelques longues minutes plus tôt. Elle disparut de nouveau, le géant également, et elle procéda de la même façon pour les autres. Ostur prenait les devants, guidé par la voix inaudible de Dragan, il injectait de nouveau sa substance aux géants avant que Yona s'en approche. Ainsi elle restait en sécurité lorsqu'elle se retrouvait seule de l'autre coté de la montagne : les géants qu'elle téléportait n'allaient pas se réveiller de si tôt. Quand elle eut fini, elle revint vers eux, elle aussi, fatiguée.

La créature du faune disparue alors dans une nappe de fumée verdâtre avant que celui-ci ne tombe sur ses genoux. Avant de continuer sa chute il regarda autour de lui, l'air hagard. La dernière chose qu'il vit avant que Morphée ne l'entraine dans des abimes accueillantes avec elle fût une grosse tâche rouge en mouvement. Il n'entendit pas Yona s’esclaffait :

- La vie de couple ne doit pas être facile tous les jours avec Dragan hahaha...

Mais quelle tête de mule! Il s'était trompé, ce n'était pas une chèvre, c'était un âne! Il regarda le manège qui s'était mis en place et les géants disparaitre un à un. Il gardait néanmoins un œil sur le faune qui s'épuisait de plus en plus, il allait s'effondrer c'était sur! Et tout ca pour des moutons débiles! Vraiment, il n'y a pas si longtemps, il en aurait lui même fait son repas, grassouillets comme ils étaient, ils auraient surement était délicieux. Une fois le dernier géant disparu, il se tourna vers Dragan, s'attendant à le rattraper, mais non il fallait qu'il attende qu'il soit distrait par le pop de la princesse pour qu'il s'effondre. Il se précipita sur lui, le retournant doucement cherchant la moindre blessure qui aurait pu apparaitre avec la chute, mais à par une bosse et un bleu il n'y avait rien. Je te jure, une fois réveillé, il n'avait pas intérêt à râler si Gasho l'empêchait de sortir du lit pendant deux jours.

Il lança un regard noir à la demoiselle qui une fois encore avait une trop grande gueule pour qu'il la supporte.  
"C'est bien plus facile quand on à pas deux crétine au cul en tout cas!"
Il tourna son regard vers elle, vérifia quand même son état, mais a part un léger essoufflement rien ne montrait qu'elle venait de faire un effort. Bon au moins elle pouvait rentrer par elle même! Il se débrouilla pour mettre Dragan sur son dos et s'assura qu'il soit bien caler, une longue marche s'annonçait et il ne passerait pas sur un jolie petit chemin tout tracé. Ca aussi il ne comprenait pas, pourquoi avoir un troupeau aussi loin du village? Vraiment certaines choses était bizarre.
"Bon, je le remmène! Tu te débrouillera bien toute seule si tu as encore assez d'énergie pour te foutre de la gueule des autres!"
Et il se mis en route sous les offuscations crier par une voix horriblement trop aigu à son gout.

Pour Dragan le chemin du retour fût une longue plage noire ponctuée de quelques flashs aveuglants. Le soleil était haut dans le ciel la première fois que ses yeux s'entrouvrirent. Il n'était pas en état d'en déduire l'heure, ni quoique se soit d'ailleurs, en fait, il ne remarqua pas même la position de l'astre. Cela ne dura que quelques secondes avant qu'il ne referme les yeux. Parfois, comme plongé dans une sorte de demi-coma, des bruits et des sensations parvenaient à son esprit semi-conscient. La musique d'une rivière le berça à un moment, tout comme un parfum familier, légèrement boisé. Ce parfum-là l'enveloppait de sérénité à chaque fois que son cerveau tentait d'émerger. Cela le faisait se sentir dans un cocon agréable et se rendormir dans l'immédiat. Il ne se souvenait pas avoir eu froid, ou bien avoir été malmené durant le retour, trainé comme un pantin sur le dos du dragonide. Même s'il n'était pas réellement conscient de ce qu'il se passait, tout n'avait été que douceur, chant et tiédeur. Le dernier flash qu'il entrevit était d'un rouge puissant. La plage noire s'installa ensuite, pour de bon, prenant toute la place. Il n'y eut plus de flashs.

Quand il ouvrit enfin les yeux, il fût surpris de se retrouver chez lui. Il voulu se lever de suite mais sentit quelques douleurs dans ses muscles. Depuis quand étaient-ils rentrés ? Combien de temps avait-il dormi ? Où était Gasho ? Il mit un certain temps à se relever, trouvant ses gestes d'une lenteur exaspérante. Il s'habilla avec ce qu'il trouva en premier, puis commença à se diriger vers le salon tout en appelant d'une voix quelque peu éraillée :

- Ga... Gasho...? T'es là ?

Il était dans la cuisine en train de finir de préparer la soupe quand une voix bien connu résonna. Il se précipita dans le salon, trouvant Dragan debout, un peu appuyé contre le mur néanmoins, il sourit, cela faisait plaisir de le voir enfin réveillé.
"Comment tu te sens? Tu devrais retourner te coucher tu as l'air fatigué."
Il se rapprocha et lui attrapa les mains, essayant de le guider jusqu'à la chambre, mais se dernier sembla refuser d'avancer, il le pris donc dans ses bras en mode princesse et le porta lui même jusqu'au lit.
"Attend moi, je t'emmène de la soupe. Je revient vite." Il tenta d'être rassurant, lui passant la main dans les cheveux avant de repartir dans la cuisine.
Il déposa un bol de soupe, bien rempli, devant Dragan.
"Tiens, tu dois avoir faim. Ca fait presque deux jours que tu dors, tu sais. Je sais pas si tu t'en souviens, mais t'es précieux moutons sont saint et sauf, enfin pour l'instant."

Le faune avait posé une main contre le mur, par précaution. La tête lui tournait légèrement, comme lorsque l'on se lève trop vite et il avait l'impression qu'il était resté un bon moment alité. Il n'y avait donc rien d'anormal, rien d'affolant, il devait juste se réveiller un peu. Cela allait passer. Il avait envie de se réveiller, il n'avait plus du tout envie de dormir, même s'il ressentait la fatigue. Il n'avait plus envie d'être enveloppé de noir, de perdre toute conscience. Alors, il repoussa les mains du dragonide.

- Tssss... fit-il en balayant sa main attentionnée d'un revers de la sienne.

Le faune parlant déjà peu, il lui était impossible d'expliquer ce qu'il ressentait. Gasho le pris alors dans ses bras et le ramena au lit. Trop faible pour rétorquer quoique se soit, Dragan n'eut pas le choix. Il choisit aussi de l'attendre, discuter avec le dragonide n'aurait servi à rien de toute façon : il aurait été très bien capable de le porter de nouveau d'une main, tenant l'assiette de soupe dans l'autre. Mieux valait donc éviter un moment gênant comme celui-là. Parfois, Dragan savait apprécier la force surhumaine de son dragonide. Et parfois, comme aujourd'hui, être contraint de la sorte l'agaçait. Il l'attendait donc, assis en tailleur, adossé contre le mur, lorsqu'il le sentit. Ce parfum boisé. Il tira légèrement sur son t-shirt pour le faire remonter jusqu'à son nez. Il n'avait pas fait attention mais, en s'habillant en prenant ce qui lui tombait sous la main tout à l'heure, il avait emprunté un t-shirt appartenant au dragonide. Un peu grand pour lui, il se sentait bien dedans. Il se souvient alors des flashs, lorsque sa conscience s'éveiller un peu durant le trajet du retour et ils prenaient enfin tous leurs sens. Gasho était redescendu à pieds, le portant sur son dos. Il se souvint aussi de l'état de plénitude dans lequel il se trouvait durant cette route. C'était donc Gasho, il avait pris soin de lui. Dragan sourit.

Une fois de retour dans la chambre, le rouquin lui expliqua alors ce qu'il s'était passé depuis sa perte de connaissance. Dragan prit le temps d'avaler le bol de soupe avant de répondre :

- Je suis content pour le servan, il est un ami. Il s'arrêta, pensif. Il était dommage qu'ils aient fait connaissance en de telles circonstances. Le petit servan avait toujours été de bonne compagnie, c'était une créature intelligente, futée et drôle. Il aurait pu s'entendre avec Gasho. Mais le dragonide garda cela pour lui, c'était trop compliqué à expliquer, si tôt réveillé. A la place, il attrapa l'une des mains de son petit-ami assis à coté de lui. Il la passa sur sa joue avant d'y déposer un baiser. Après quoi il se releva, il avait mangé sa soupe, il pouvait se lever à présent, n'est-ce pas ?